Institut de Médecine du B-A
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Institut de Médecine du B-A

Institut de Médecine du Bourbonnais-Auvergne
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

 

 Histoire des Jardins monastiques

Aller en bas 
AuteurMessage
Galswinthe
Admin
Galswinthe


Nombre de messages : 275
Localisation : Montbrisson
Date d'inscription : 25/03/2008

Histoire des Jardins monastiques Empty
MessageSujet: Histoire des Jardins monastiques   Histoire des Jardins monastiques EmptySam 24 Mai - 21:30

INTRODUCTION

La charité fait partie des devoirs essentiels des chrétiens, comme le rappelle l'évangile de Mathieu : " Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux. " Benoît de Nursie s'en préoccupait beaucoup, qui considérait cette activité comme une priorité de l'activité monastique.

En conséquence, les moines ont étudié les plantes et les remèdes en général, transcrivant et commentant les oeuvres d'Aristote, d'Hippocrate, de Dioscoride, de Galien, de Pline, etc..., expérimentant eux-mêmes dans leurs jardins à partir de ces connaissances livresques et de la coutume.

Patrick en Irlande, Benoît et Cassiodore en Italie sont parmi les premiers à inciter les moines à connaître les remèdes utiles à guérir les malades. Cassiodore faisant ses recommandations aux moines, leur dit : " Apprenez les propriétés des remèdes simples et des remèdes composés… "

Extrait de "Institutiones divinarum et humanorum" de Cassiodore (550 - 562).


L'herbularius ( de herba, herbae : herbe, on trouve aussi erbarium botanicum, hortus
botanicus) est un jardin où l'on cultive des plantes médicinales : simplicis medicinae, simplicis herbae, appellations latines qui n'utilisaient pas encore la forme substantive que donnerait le français à la plante elle-même, mais où l'adjectif qualifie de simple un remède (medicina) ou une herbe (herba) constitués d'une seule substance (pensait-on). On la pensait donc simple, peu complexe, par opposition au mélange composé (composita) ou alambiqué (au sens propre) de la
médecine savante. Ajoutons que le mot drogue, apparu vers le XIVe siècle, viendrait, par le néerlandais, de l'ancien anglais driggen, qui signifie "sécher", ce qui indique l'importance des plantes médicinales dans la pharmacopée médiévale. Le grand livre des simples du moyen-âge
est sans doute celui de l'abbesse Hildegarde von Bingen (1099-1179), qui écrira son célèbre "Liber Simplis Medicinae", ouvrage important dont nous aurons l'occasion de reparler et qui décrit près de 300 végétaux, mais il en existe de nombreux autres, dont nous avons déjà parlé, qu'ils appartiennent à la culture judéo-arabe ou occidentale,avec le renouveau de l'encyclopédie, de l'hygiène, de la diététique, de l'agriculture, de la botanique, etc.

L'on voit apparaître le singulier au XIIIe siècle, la première mention du pluriel étant du XVe
( bizarrement masculin singulier, masculin pluriel). Le mot SIMPLE n'est sûrement pas d'un usage courant avant longtemps : Le dictionnaire "françois-latin" de 1552 de Robert Estienne (1504-1564) ne le mentionne pas, pas plus que Le Furetière de 1684, qui passe de l'entrée SILLET à celle de SINOPLE sans vergogne.

UN PEU D'HISTOIRE

Le jardin médicinal est omniprésent dans les monastères chrétiens, et ce jardin des simples se situe en général dans l'espace de l'infirmerie, souvent près de l'apothicairerie, mais aussi de la maison des saignées ou du cloître, conformément au modèle du plan de Saint-Gall :

Comme on le voit ordonné sur le plan, le jardin des simples du plan de Saint-Gall comporte 16 végétaux où se mêlent fleurs et plantes aromatiques, et que l'on retrouve intégralement prescrites au capitulaire de Villis (on s'y rapportera pour le détail de chaque plante) à savoir, par ordre alphabétique :

Nom français Nom latin Nom latin du Capitulaire du plan de St Gall de Villis


Cumin Cumino Cimino
Fenouil Feniculum Fenicolum
Fenugrec Fena Graeca Fenigrecum
Iris Gladiola Gladiolum
Livèche Lubestico Levisticum
Lys Lilium Lilium
Menthe Menta Mentam
Menthe-coq Costo Costum
Menthe-pouliot Pulegium Puledium
Mongette Fasiolo Fasiolum
Nasitord (menthe aquatique Sisimbria Sisimbrium
Romarin Rosmarino Ros marinum
Rose Rosas Rosas
Rue Ruta Rutam
Sauge Salvia Salviam
Sarriette Sataregia Satureiam

LES SIMPLES : vertueuses et magiques

Le moine apothicaire, qui est souvent le moine infirmier, mais aussi tous ceux qui étudieront les plantes resteront jusqu'au XVIIe siècle (et même plus tard) attachés aux propriétés humorales de Galien et d'Hippocrate (sur ce thème, voir : saignées ) et influencés par toutes sortes de traditions, issus de l'expérience, mais souvent superstitieuses et magiques. Par ailleurs, ils feront dire aux plantes, créés par Dieu pour l'Homme, que leur forme, leur couleur, leur habitat, ont des analogies avec les maladies ou les organes du corps.
Bien compris, ce langage analogique devait leur permettre d'en tirer les bienfaits (quand d'autres en chercheront les maléfices, bien sûr!).
Cette idée est appelée un peu improprement "théorie des signatures", alors que ce terme ne fut en quelque sorte consacré qu'au XVIe siècle par Paracelse (Theophrast Bombast von Hohenheim dit, 1493-1541), qui est pour les alchimistes de l'époque une expression exprimant plutôt des correspondances entre les plantes et le monde astrologique et minéral.

Depuis la nuit des temps, en effet, de nombreuses sociétés humaines ont cru en des
correspondances magiques entre les plantes et d'autres éléments naturels, et les cultures occidentales n'ont pas échappé à ces croyances. Ainsi, les moines, à l'instar de leurs contemporains, seront attentifs à ces similitudes (simila similibus curantur : soigner par
l'identique), qui représentait là un contrepied à la théorie de Galien, qui entendait soigner par le
contraire. Par exemple, les feuilles de la bourrache ont une forme qui rappelle celle des poumons : on les utilisera donc contre les maladies de poitrine. L'aspect des graines de cumin évoque la forme des reins : on leur prêtera une action diurétique et stomachique. Le saule pousse
les pieds dans l'eau : on le recommandera alors pour les rhumatismes. La forme de la fleur de pavot est toute indiquée pour soigner les maux de tête. Le renflement de certaines racines du ficaire ont un peu la forme de la figue, ce qui conduit à les prescrire pour les hémorroïdes, etc... Un exemple riche d'iconographie est celui de la mandragore, dont la forme rappelle le corps humain :

Manuscrit anonyme du XVIe siècle, Paris, Bibliothèque de l'Arsenal.


Le Saule et la Reine des Prés, poussent dans des lieux humides : ils seront donc bons pour les
rhumatismes. Heureusement, ces deux plantes contiennent des salicylates, dont un dérivé est l'aspirine du nom latin de la Reine des Prés, Spiraea ulmaria. La Chélidoine, elle, sécrète un latex jaune d'or : elle soignera ...le foie, bien sûr. Nous clôturerons cette très courte énumération en évoquant encore Hildegarde de Bingen, cette fois avec humour, qui pensait que les plantes légères comme les cheveux devaient aussi être légères à digérer !

Si un grand nombre de simples ont vu leurs vertus supposées se confirmer et se préciser par
la science moderne, d'autres se sont révélées rattachées à de simples superstitions et il en est d'autres encore à propos desquelles on s'interroge toujours.

CULTURE ET CUEILLETTE

On ne cultivait pas dans les herbularius uniquement des simples, mais on les associait souvent aux plantes aromatiques et aux condimentaires qui, pour une bonne part, ont aussi une faculté curative. Il n'existe pas beaucoup de textes à ce sujet pour se faire une idée très précise de la question.

On utilisa d'abord en majorité des espèces locales ( Strabon, Hildegarde de Bingen) spontanées ou sub-spontanées, puis l'orient et le nouveau monde nous firent connaître à la fois leurs plantes exotiques et de nouvelles espèces s'acclimatèrent dans les jardins occidentaux (à ce sujet, voir le chapitre : Physionomie des jardins). De nombreux botanistes pensent, par exemple, que les moines de l'abbaye de Vauclair, dans le Laonnois (Aisne, 02) ont introduit au cours du temps des plantes nouvelles dans la région. "Au début du XIIe siècle, un intellectuel anglais vivait envoûté par ses livres. Saint Bernard, le fondateur de Clairvaux, lui écrivit une lettre célèbre: «
Tu trouveras plus de choses dans les bois que dans les livres... », lui disait-il. L'homme s'arracha à ses manuscrits et devint le premier abbé de Vauclair"

Précisons que la culture des plantes médicinales ne suffisait pas à couvrir les besoins de la communauté, qui soignait ses propres moines, mais aussi une foule de nécessiteux. De plus, les
plantes cultivées ont une moindre valeur thérapeutique que la cueillette des plantes in-situ (là où elles poussent naturellement) et qui se pratiquait régulièrement. A ce sujet, il est intéressant
d'entendre Michel Cambornac à propos de l'abbaye de Fontevraud, dont il a recomposé les
jardins. L'horticulteur-historien s'étonne des disproportions entre la superficie des jardins et les centaines de moniales qui occupaient l'abbaye au plus fort de son activité et il suppose que nombre de plantes alimentaires ou médicinales étaient cultivées ou cueillies à l'extérieur du monastère, ce en quoi il doit avoir raison, et l'étude des domaines de l'abbaye nous le confirmera.

Un petit commerce entourait l'activité tournant autour des plantes médicinales : L'abbaye payait souvent des cueilleurs, achetait des plantes exotiques, sans compter qu'il existait un réseau d'échanges entre les abbayes, selon les spécialisations de chacune. C'est ainsi, par exemple, que les Chartreux de Fribourg-en-Brisgau cultivaient Radix Angelicae, les Bénédictins de Wurtzbourg Radix Liquivitiae.
Revenir en haut Aller en bas
https://medecine-ba.forum-actif.net
 
Histoire des Jardins monastiques
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Institut de Médecine du B-A :: LA BIBLIOTHEQUE :: Ouvrages sur les plantes-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser